France Ouest-France 3/3/2012
La présidentielle en bref
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À J-50, le regard des journalistes européens
Ces professionnels suivent la politique française pour leurs compatriotes italiens, allemands,
anglais, grecs ou espagnols. Incisifs, ils regrettent des débats plutôt creux.
Une campagne de fond ?
« Elle est assez populiste et ça ne devrait pas se calmer », indique Sascha Lehnartz, correspondant pour lequotidien allemand Die Welt. « Les débats volent bas, confirme Ira Feloukatzi, du quotidien grec Elefterotypia. Le plus étonnant, c’est Sarkozy qui se présente comme Dieu, à 50 jours de l’élection, pour sauver les ouvriers, et qui fait des propositions qui devront être votées après le scrutin ! » Alberto Toscano, écrivain et journaliste pour l’agence italienne Aga, estime qu’« il n’y a pas de véritable vision politique dans cette campagne». Son compatriote Massimo Nava, éditorialiste pour le quotidien Corriere della Sera, se satisfait néanmoins de la place donnée aux questions internationales.
Sarkozy-Hollande, le duel. Selon ces journalistes, les jeux ne sont pas faits. Tous reconnaissent le
« charisme », le « sang-froid à l’international» et le « don de candidat politique» de Nicolas Sarkozy. «Il a fait une entrée fracassante, brutale et efficace», analyse Juan Pedro Quiñonero, du quotidien espagnol ABC.Ira Feloukatzi, sa consoeur grecque, lui oppose son « bilan dévastateur ». Selon Alberto Toscano, le Président peut compter sur sa maîtrise des pouvoirs publics et une utilisation « berlusconienne» de l’information. « Même en Italie, ça n’aurait pas été possible d’être interviewé sur une dizaine de chaînes en même temps…»
François Hollande est reconnu comme un « conciliateur, un homme de synthèse » par Ira Feloukatzi, qui regrette son attitude : « Un pas en avant, un pas en arrière…» Son programme est jugé « pas très réaliste sur le plan économique et européen» par l’Allemand Sascha Lehnartz. L’Espagnol Juan Pedro Quiñonero est nostalgique : « Ségolène Royal était une bonne cliente, alors que Hollande est tellement bien élevé! Même avec les ouvriers, il reste un politicard parisien…». « À Londres, les gens le regardaient en disant : “C’est qui ce mec ?”», ajoute Matthew Campbell, du journal britannique The Sunday Times.
Bayrou, Le Pen, Mélenchon… Pour Ira Feloukatzi, Bayrou est « un homme-tronc » : « Il aurait pu être l’homme providentiel, mais on lui a coupé les bras, les mains, on l’a isolé.» Selon Alberto Toscano, le candidat du MoDem est « fier de son indépendance, mais elle est malheureusement inutile dans le système politique français ». Le programme de Marine Le Pen est vu comme « absurde», et l’argumentaire de Mélenchon « utile » mais « pas hyperréaliste».
Céline LEBRETON.
Ces gaffeurs qui nous gouvernent,
d’Alberto Toscano, Fayard, 2011.